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Un vallon, accroupi, sur une plaine immense,

Qu'on dirait, d'une tortue, la carapace dense ;

Accrochée aux écailles, assise bien ancrée,

Une fière chaumine, de bois de pin dressée,

 

Héberge, dans ses flans, un être extravagant ;

Seul, il vit, dans cette antre, visité par les vents,

Et la plainte des corbeaux qui plongent dans les feuillées

De hêtres, chênes et charmilles, gardiens ébouriffés.

 

D'une tunique revêtu, cet homme est un sorcier

Qui porte, en parure, des bagues, des colliers.

C'est un buveur d'amour, un élixir de vie,

Ce nectar adoré, plaisance inassouvie ;

 

Une onde bienfaisante, une magique potion,

Exquise félicité, divine délectation !

Il s'abreuve dans les âmes; Les âmes ? ah, que dites-vous?

Vols d'âmes, il ne commet ! Son coeur n'est pas si fou !

 

Ces âmes-là s'offrent à lui ! graines de passion brûlante

Tendres bouchées d'amour, qui se donnent en amantes.

Ô Sorcier ! Cette offrande est une manne rare

Qui te rend si divin à exercer ton art.

                                                                             Mireille Masson

 

 

 

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